L’histoire vraie derrière le roman
Janvier 2020, une visite culturelle à Roubaix, dans le nord de la France, vire au cauchemar pour l’écrivain et journaliste belge Dominique Zachary. Alors qu’il visite le musée La Piscine pour admirer des sculptures de Camille Claudel, son compagnon à quatre pattes, un petit bichon, lui est dérobé dans sa voiture. Cet événement traumatisant devient le point de départ de Perdu sans mon chien, le neuvième ouvrage de l’auteur, un roman poignant inspiré de cette quête.
« J’étais anéanti. Brisé. J’ai mis cinq jours et cinq nuits pour tout tenter afin de le retrouver dans cette ville que je ne connaissais pas », nous confie-t-il. Cette détresse aurait pu rester dans l’ordre de l’intime, mais les rencontres et les nombreuses anecdotes à la suite de cette recherche furent si nombreuses que l’idée d’un livre s’est imposée. Mais pourquoi avoir choisi la fiction plutôt qu’un récit autobiographique ? « Parce que le roman me permettait plus de créativité, plus de rebondissements. J’aime bien surprendre le lecteur. » C’est ainsi qu’est né Clovis, son personnage principal, postier solitaire dans les Vosges. Même s’il n’est qu’une pure création, le personnage lui ressemble malgré tout. « À travers Clovis, je traduis l’immense chagrin, et la colère aussi, que j’ai ressentis au plus profond de mon être. »
Au fil des pages, Roubaix devient également un personnage à part entière, car la ville a profondément marqué l’écrivain. Loin de son quotidien rural dans le sud de la Belgique, Dominique Zachary découvre une ville de contraste, entre l’opulence de son passé textile et la détresse de certains quartiers. « C’est la première fois que je découvrais autant de maisons sans fenêtres par exemple, sans perspective de voir la lumière du jour ! Cela m’a fort interpellé. »
Mais dans cette épreuve, un esprit d’entraide a jailli. « Paradoxalement, j’ai perçu, au cœur de Roubaix, tout en recherchant mon chien, un incroyable élan de solidarité venant des gens, jeunes ou moins jeunes. » Cet altruisme a profondément ému l’auteur qui en parle longuement dans son roman pour expliquer qu’au-delà de la perte, ce livre parle d’espoir et de fraternité : « Dans votre malheur, vous n’êtes pas seul. » Un message qui a touché de nombreux lecteurs, notamment lors du Salon du livre de Bondues, près de Lille. « Quantité de propriétaires de chiens m’ont dit que leur animal était toute leur vie. Ils comprenaient ce que j’avais vécu. »
S’il est journaliste de métier pour L’Avenir du Luxembourg, Dominique Zachary n’en est pas à son premier roman. Il a souvent consacré sa plume à la non-fiction, signant des biographies et des enquêtes historiques. Son œuvre la plus connue, La patrouille des enfants juifs, publiée en 1994, qui raconte le sauvetage d’enfants juifs cachés au château du Faing à Jamoigne durant la Seconde Guerre mondiale, reste un best-seller en Belgique et a été adaptée en BD par Jean-Claude Servais et en comédie musicale. Mais c’est après cinquante ans que l’auteur se lance dans l’écriture de fictions : « J’avais passé le cap de la cinquantaine, d’une certaine maturité dans l’écriture, et je me sentais enfin autorisé à davantage puiser dans mon imaginaire. »
Si l’auteur ne revendique pas de style d’écriture en particulier, Dominique Zachary trouve malgré tout un point commun à tous ses livres : « Pour moi, l’émotion doit être le moteur d’un bon roman. » Ses précédents ouvrages s’ancrent dans des contextes forts : les procès d’épuration au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans La traîtresse, l’humanité extraordinaire des infirmières dans le milieu des soins palliatifs dans Les frémissements du silence et avec Perdu sans mon chien, l’attachement inconditionnel à son animal de compagnie.
Pour l’instant, Dominique Zachary savoure l’accueil positif réservé à son neuvième roman. Mais s’il prend un peu de recul, ce n’est que pour mieux revenir. Son prochain livre, le dixième, germe déjà dans son esprit. « Ce ne sera pas un roman, mais une histoire vraie, très forte, vécue dans le sud de la province de Luxembourg. Et toujours sur fond de Seconde Guerre mondiale. J’y retourne. » Un projet qui, une nouvelle fois, sera teinté de l’émotion qui caractérise les romans de cet auteur.
Perdu sans mon chien, édité chez Genèse Edition, est disponible au prix de 19€.