À la fin du mois d’octobre, citrouilles sculptées, vampires, fantômes et autres petits monstres envahissent les rues pour la traditionnelle fête d’Halloween. Depuis quelques années, cette célébration s’est installée dans le calendrier belge. Mais derrière les déguisements et les bonbons se cache une histoire complexe.
Des racines celtiques
Bien loin des images véhiculées par les films américains, Halloween trouve son origine dans la fête celtique de Samhain, qui marquait le passage de la saison lumineuse à la saison sombre. Les Celtes croyaient alors que la frontière entre le monde des vivants et celui des morts se réduisait, permettant aux esprits de circuler librement sur Terre. Pour se protéger, ils allumaient de grands feux, déposaient de la nourriture pour apaiser les âmes errantes, et portaient des masques et costumes afin de confondre les mauvais esprits. Avec la diffusion du christianisme en Europe, la fête de Samhain a « fusionné » avec la Toussaint, le 1er novembre, et le nom « All Hallows’Eve », signifiant la veille de la Toussaint, a évolué pour devenir « Halloween ».
De l’Irlande aux états-Unis
Le XIXe siècle marque un tournant : l’arrivée de la Grande Famine a forcé des millions d’Irlandais et d’Écossais à émigrer, principalement aux États-Unis, emportant avec eux leurs coutumes et leur folklore. Face à leur nouveau contexte économique et culturel, ils ont donc adapté certaines traditions : c’est ainsi que le navet sculpté traditionnellement, faisant office de lanterne servant à éloigner les mauvais esprits, fut peu à peu remplacé par la citrouille, plus facile à trouver aux États-Unis.
Au fil des décennies, la fête est devenue une part intégrante de la culture américaine, avec des traditions comme le porte-à-porte et son célèbre « trick or treat » (traduisez par « Des bonbons ou un sort ») que certaines sources relient aux offrandes de nourriture pour les esprits, alors que d’autres évoquent la pratique médiévale du « souling », lorsque les enfants et les pauvres allaient de porte en porte pour collecter de la nourriture en échange de prières pour les morts.
Le retour en Europe
Devenue une fête emblématique aux états-Unis, Halloween a voyagé de nouveau pour revenir sur le Vieux Continent grâce au cinéma et aux médias : le film culte Halloween (1978) ou encore les épisodes spéciaux de séries contribuant à son succès. En Belgique, la célébration d’Halloween est un phénomène relativement récent, apparu dans les pays francophones dans la seconde moitié des années 1990. Toutefois, les traditions belges d’Halloween sont plus discrètes qu’aux états-Unis, avec des initiatives locales (porte-à-porte organisé, bal, etc.) dans les villages, bien que des événements comme le Coco Loco Festival à Anvers ou des ambiances spécifiques à Walibi soient de plus en plus populaires.
Fun fact : l’implantation d’Halloween trouve tout de même un écho dans certaines traditions locales. En Flandre par exemple, le 11 novembre à la Saint-Martin, les enfants sculptent betteraves (rommelbootzen) et navets pour défiler avec des lanternes.
Halloween est donc un bel exemple de la manière dont les rituels et les traditions voyagent, se transforment et s’adaptent au fil du temps, sans jamais perdre leur part de mystère.